mardi 18 septembre 2012

Florian Zeller : La Jouissance



Pour me confronter à la dure réalité, pour me délecter du goût des autres mais surtout par pur masochisme, j'ai lu le dernier Florian Zeller. Claro a déjà rendu une excellente fiche de lecture de ce roman générationnel (dans une Europe en pleine paupérisation, un couple se sépare à cause des téléphones portables, rires). Pour ma part, La Jouissance m'a confirmé que ce qui me faisait immédiatement débander en littérature ce sont les bons mots, penser, écrire un chapitre dans le seul but de placer à la fin un bon mot, à ce petit jeu Beigbeder reste indétrônable (un seul précédent à mon masochisme littéraire, la lecture de 99 Francs).
Ce livre m'a aussi douloureusement renvoyé 20 ans en arrière lorsque j'étais ce jeune étudiant en Lettres arrogant, hautain et surtout nourri à la pizza, à Rohmer, à SPK, au surréalisme, à Tsui Hark, à l'actionnisme... Une époque où je faisais parti d'un cercle de poètes qui passait ses journées à écrire des cadavres exquis et à faire des collages (Kurt Schwitters à Beaubourg) quand il ne partait pas se recueillir sur la tombe de Robert Desnos ou en pèlerinage rue Campagne-Première (je vous rassure, il nous arrivait aussi de danser la nuit sur du Mokum).
Tout ça pour dire que je me demande quel âge peut bien avoir Zeller car il vient de publier ce roman dans lequel j'aurai très bien pu me lancer il y a 20 ans si je n'avais pas été un brin lucide (et fainéant), ce roman qu'il ne faut surtout pas écrire. Aujourd'hui, je me dis que j'ai peut être eu tort après tout.

 Florian Zeller : La Jouissance (Gallimard, 2012)

10 commentaires:

  1. Ah ah excellent. Merci, j'ai bien ri.
    Je n'ai pas lu le livre, je ne lirais pas, mais je vois trop ce que tu veux dire.
    Et d'un coup, l'angoisse.
    Et si j'étais en train de faire pareil sans m'en apercevoir ?
    Mon dieu.

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  2. SPK ?
    Sinon, je comprends pas trop : crois-tu que Zeller se soit enivré de Rohmer, Schwitters, Dada, qu'il ait écrit des cadavres exquis (belle activité en passant) ? Crois-tu qu'il ait lu Artaud ?
    "Le plus urgent ne me paraît pas tant de défendre une culture dont l'existence n'a jamais sauvé un homme du souci de mieux vivre et d'avoir faim, que d'extraire de ce que l'on appelle la culture, des idées dont la force vivante est identique à celle de la faim."

    Et puisqu'on parle littérature (ah ah), et même si c'est pas mon genre le copinage, j'invite tout le monde à lire Fassbinder, La mort en fanfare de mon vieux pote Alban (Lefranc) chez Rivages (il y a un beau papier de Claro, justement, sur son site). Alban reprend un livre publié chez Le Quartanier quelques années en arrière, ce qui demeure pour moi ce qu'il a écrit de meilleur (j'avoue ne pas avoir lu encore la nouvelle mouture).
    Putain, j'ai été long là !

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  3. Bah, wé, SPK :

    http://www.youtube.com/watch?v=PElbVHBhJes&feature=player_embedded#!

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  4. Sympas, les soirées d'antan !

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  5. Karine Charpentier18 septembre 2012 à 22:42

    très judicieux post. Amicalement.

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  6. Un autre truc me frappe aussi.
    La photo.Clair-Obscur.
    Les lunettes. BETC.

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  7. Tu n'étais ni arrogant ni hautain. Quant à SPK, je me souviens surtout de

    http://youtu.be/T1NqkFKqt3c

    et de

    http://youtu.be/G0xGcDZEcD0

    Sinon et pour le reste, merci de m'avoir rafraichi la mémoire.

    NB : Mokum à la loco, 1994/1995 ?

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  8. Ouch, su-bli-meuh ! Merci pour la piqûre de rappel !

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  9. Associée à une pizza voire, summum du luxe, une salade de riz, cette musique avait le don de m'endormir du sommeil le plus paisible qui soit.

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  10. Zeller, il fait partie des petits cons (maintenant vieux cons) qui font gagner du temps aux jeunes ecrivains qui ne font pas qu'ecrire mais lisent et savent lire.

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