Evidemment, il serait facile de railler ce film : et j'te refais le coup des chansonnettes, on reprend les mêmes et on recommence, les Ludivine Sagnier, Chiara et autre Louis Garrel, une pincée de sida parce que j'suis un réal' gay, la mort parce qu'il n'y a rien de plus triste etc. Trop facile.
Le film prend son temps, c'est tout d'abord agaçant mais, au final, ça se révèle être l'une de ses principales forces.
Dans le premier tiers, il déçoit donc : la reconstitution des 60's est théâtrale et désincarnée, les personnages évoluent comme des pantins dans des décors en carton-pâte. En étant conciliant, je pourrais me dire que Christophe Honoré déréalise volontairement cette partie pour lui donner la forme d'un souvenir enfoui dans la mémoire de Madeleine, le personnage central. Dans le second, il ennuie gentiment : les années 80, le rock, les amours impossibles... autant de thèmes rabâchés que l'on sent néanmoins tendre vers quelque chose de plus subtil. Puis, dans le dernier, tout s'emballe : le tragique, jusqu'alors latent, prend corps. La mort survient mais, à la différence des
Chansons d'Amour, elle ne prend pas par surprise le spectateur, qui connaît un peu les ressorts du réalisateur. Un torrent de larmes vient tout de même emporter
Les Bien-Aimés, mais de façon plus insidieuse, avec une Catherine Deneuve impériale face aux
Temps Qui Changent.
Catherine, je t'aime, depuis toujours et de plus en plus.
PS : Honoré réussi l'exploit de brider le petit Garrel, c'est pas rien !