jeudi 7 novembre 2013

"Je déteste l'espace."

©Frédéric Fleury

"Inutile de s’appesantir trois heures" : Gravity est une grosse merde intergalactique.

Constamment le cul entre 2 chaises, hésitant entre grand spectacle, ou fête à neuneu devrais-je dire, et  pseudo auteurisme métaphysico-intimiste, le film ne pose en fait qu'une seule question (celle que vous avez lu et entendu à peu près partout) : "ouh là là ! mais comment ce mexicain a t-il  fait pour tourner ça ?" Et bien vous savez quoi : on-s'en-bran-le ! Ou plutôt, je-m'en-bran-le !
A mon sens, il n'y a rien de pire que la technique dans l'art surtout quand elle est au service du vide intersidéral (ici au sens figuré). Une fois évacuée cette question, et aussi le "oui bon d'accord le plan séquence d'ouverture gnagna", il ne reste qu'un grand trou noir, où plus rien ne rayonne, que l'on nous vend à grand coup de "minimalisme", d'"ambient", d'"épure"...

Juste pour rigoler, penchons-nous 2 secondes sur le personnage principal, interprété par Sandra Bullock. Nan mais au secours ! Mesdames, réjouissez-vous, c'est l'instant diatribe féministe, qui m'a été soufflé par ma Christina.
Voilà donc une môman qui a perdu sa fifille dans un accident un peu concon (tombée sur la tête, ça arrive), du coup, cette môman qui a perdu sa fifille s'est jetée à fond dans le boulot en s'oubliant, madame est évidemment célibataire. Car, oui ! apparemment en 2013, il est toujours inconcevable que l'on puisse être et une femme et une scientifique tout en ayant et un enfant (vivant) et un mari (amant/aimant). A un moment donné, elle doit forcément payer.
Ajoutons à cela que si Ryan (spoiler : oui, le cosmonaute Ryan sera sauvé. Tu croyais quand même pas que...) se révèle digne d'une super-héroïne lorsqu'elle est livrée à elle-même, elle se montre par contre totalement nunuche quand elle se retrouve auprès du mâle protecteur, le Clown-ey, éternel séducteur à la cool, aussi à l'aise perdu entre une capsule volluto et une capsule livanto que perdu sur une capsule spatiale pris en plein syndrôme de Kessler (j'vous laisse aller vous renseigner sur Wikipédia).


On pourrait aussi s'attarder sur le lourd symbolisme de ce survival (j'veux dire survival pour le spectateur !), digne d'un sujet de Toute Une Histoire : femme, comment renaître (capsule spatiale spermatozoïdale + position foetale + sortie des eaux + cordon ombilical coupé : c'est bon, ça ira ou on vous en remet une couche, pour filer la métaphore ?) après une douleur insurmontable ?

Quant à la musique signée Steven Price, elle vous fera pleurer comme celle du remake de Solaris, mais pas pour les mêmes raisons, vous m'avez bien sûr compris.


(Aaaah ! cette dernière minute en forme d'apothéose à gerber, en espérant que votre sac à vomi ne soit pas rempli à ras bord après 1h30 de 3D !)

Calogero écrivait "en apesanteur /pourvu que les secondes soient des heures", c'est exactement ce que j'ai ressenti pendant les 5460 secondes de Gravity, un très long calvaire.

11 commentaires:

  1. Me voilà rassuré ! Je pensais être le seul à trouver que ce film est une grosse daube.

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  2. Je n'ai pas encore vu ce film qui me fait très envie, malgré l'énorme consensus critique autours. Mais je conseille ces temps-ci, niveau film de S.F (métaphysique et rétro futuriste), LE CHEF D'OEUVRE "Snowpiercer" !!!
    Et adapté d'une formidable B.D française (de l'âge d'or du 9ème Art made in France) dessinée par J.M Rochette.

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  3. Vu Snowpiercer à l'EF et consternant : esthétique Jeunesque, dialogues et direction d'acteur Bessonienne (Swinton sortie tout droit du 5ieme Eléments).

    Le choc à venir c'est le DCP du Sorcerer de Friedkin le 3/12 à Bercy. Les places vont être chères...

    Sinon je parie que l'un d'entre vous à déjà vu ça, pas moi :
    https://www.youtube.com/watch?v=eKCHXpSEtOU

    C'est si culte que ça?

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    1. La première fois que j'ai vu la bande annonce de Snowpiercer, je me suis dit "qu'est-ce que c'est encore que cette daube à l'esthétique ignoble ?!"
      Ensuite je me suis rendu compte que le film était réalisé par Bong Joon Ho et que certaines personnes de plutôt "bon goût" (j'veux dire comme les miens !) l'encensaient. J'étais donc prêt à m'y rendre.
      Mais, là, tu viens de sérieusement me refroidir en confirmant mes craintes premières.

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    2. perso je te conseille d'aller le voir quand même. Je pensais comme toi, detesté la ba, vu le nom de Bong Joon Ho, vu le film. Je pense que ce réal est toujours impeccable et n'a pour le moment fait aucunes fautes dans sa filmo, quel que soit la thématique, le budget ou le type de production. Gould je trouve que tu y vas un peu fort sur "l'esthétique Jeunesque" :) il n'y a rien de pire!!

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    3. Après 2 grosses déconvenues (Gravity que j'ai enchainé avec La Vie d'Adèle, truc totalement boursoufflé, outrancièrement naturaliste : trop, trop long, trop, trop de larmes, trop, trop de bave, trop, trop mauvaise Léa Seydoux...) et pas mal d'appréhension, Snowpiercer m'a globalement ravi.
      Petit 1 : La scène de baston du tunnel, ça faisait longtemps que je n'avais pas autant pris mon pied pendant une scène d'action, pur bonheur.
      Petit 2 : La réalisation du coréen est bien plus impressionnante et inventive que celle du mexicain.
      Petit 3 : je ne crois pas qu'il faille prendre trop au sérieux la thématique "lutte des classes", traitée de façon grotesque. Le grotesque, sous différentes formes, étant l'une des singularités du cinéma de Bong Joon Hoo.

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    4. Eh ben les mecs vous êtes pas difficiles!

      Esthétiquement ça ressemble à du JP Jeunet, les 'extérieurs' sont cheap au possible, les acteurs en roue libre : captain america ne joue pas, c'est juste des sourcils sous un bonnet, Swinton c'est zezette dirigée par Luc Besson, Harris joue moins bien que dans le dernier Michael Bay (c'es dire...), John Hurt c'est la caution '1984' du pauvre.
      Vu à l'Etrange Festival, annoncé comme 'une claque', 'un chef d'oeuvre', après le générique je peux vous dire qu'on sentait bien la salle refroidie et pas par la neige synthétique ou l'ours sorti de nulle part. On est loin du jouissif The Host. Et ne parlons pas du 'morceau de bravoure' CGTistes contre boucher façon Silent Hill....

      Dans les années 80 on aurait pu en effet s'extasier mais on est au XXIe siècle quand même.

      Tiens, ça serait pas mal d'activer sur ton blog le notify automatique en cas de reply ;-)

      Demain Paris Photo avec sans doute entre mes mains le dernier né de Only Photography !
      Les 4 couv bientôt collector ici
      http://gouldbookbinder.tumblr.com/tagged/shin-yanagisawa

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    5. Si tu crois que je vais te laisser rafler tout les beaux bouquins aujourd'hui, et bien tu te mets le doigt dans l'oeil !

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  4. Tout à fait d'accord avec toi Ollie. Pour l'instant, Bong Joon Ho n'a commis aucune faute de goût.
    En peu de mot, pourquoi j'ai adoré ce film :
    Mise en scène inventive, rapide et nerveuse tout en distillant des moments de respiration, de pause "zen".
    Esthétique graphique, rétrofuturiste et léchée...
    Univers sombre, post-apocalyptique, humaniste tout en étant parfois désabusé (sur la nature de l'homme).
    Parabole politique du fascisme et de la dictature, sur "Comment ON peut instaurer une dictature sous couvert de demandes sécuritaires, de besoin d'Ordre !!"
    Scénario bien écris, inventif. Savant dosage entre suspens, action, sentiments ou passages philosophiques.
    Superbe écriture psychologique des personnages ainsi que jeu d'acteur impeccable. Même les "petits rôles", Ed Harris - "Wilford" et John Hurt - "Gilliam" = superbe idée. Affrontement entre ces 2 personnages symbolisant l'avant et l'arrière du train, les "nantis" contre "les petites gens"...Lutte des classes, aspect politique.................Un film virtuose et réussi, autant visuellement que thématiquement, réunissant dans une immense maestria le fond et la forme !!!!

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  5. Concernant La vie d'Adèle, Arturo a oublié de préciser que lorsque le film s'éloigne de son naturalisme outrancier, c'est pour embrasser l'étude de société, caricaturale, manichéenne au possible, et c'est encore plus insupportable. Les palmes d'or sont en général décernées à des navets, celle de 2013 n'échappe pas à la règle.

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    1. Effectivement, j'ose imaginer que les soirées entre beauzartiens doivent être gratinées, mais quand même pas à ce point-là...

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